- Parce que c’est la fin de l’insouciance enfantine
- Parce que les émotions s’intensifient
- Parce que les enfants souhaitent s’émanciper
- Parce que d’importantes mutations cérébrales ont lieu
Parce que c’est la fin de l’insouciance enfantine
Elle a 11 ans et ne laissera personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. Pourquoi sa joie de vivre quitte-t-elle Riley, l’héroïne de Vice Versa ? Parce que, comme tous les enfants de son âge, elle traverse une période de transformations qu’elle ne comprend pas et sur laquelle elle a la sensation de n’avoir aucune prise.
C’en est fini de l’illusion de toute-puissance enfantine. « Nous perdons quelque chose de fondamental en grandissant. Tout le monde est capable de le ressentir : les adultes, dans une forme d’empathie rétrospective, et les enfants, parce qu’ils sont en train de le traverser. Quand j’ai vu Elly, ma fille joyeuse et extravertie, se replier sur elle-même, je me suis demandé ce qui se passait en elle », détaille le réalisateur Pete Docter.
Le début de l’adolescence a un impact considérable sur le développement physiologique, neuronal et psychologique. Les enfants se replient sur eux-mêmes, sont plus vulnérables au stress, aux troubles alimentaires ou dépressifs, aux comportements à risque.
Parce que les émotions s’intensifient
Les avis sont partagés chez les chercheurs : une récente étude de l’université de Glasgow (Royaume-Uni) dénombre quatre émotions humaines fondamentales, le chercheur Paul Ekman et beaucoup d’autres en ont compté six : peur, colère, joie, tristesse, dégoût, surprise.
Des psychologues de l’université de l’Ohio (États-Unis) ont ajouté à ces émotions essentielles quinze autres, dites « composites », combinant par exemple joie et dégoût ou joie et fierté. A l’adolescence, le cerveau en pleine maturation se développe beaucoup sur le plan émotionnel. Il répond de manière plus impulsive aux événements extérieurs qu’à l’âge adulte. Ce qui accentue les risques de tension dans les relations.
Parce que les enfants souhaitent s’émanciper
Durant l'adolescence, les êtres humains comme beaucoup d’autres espèces animales se socialisent. Et se disputent avec leurs parents. Selon les chercheurs, cette évolution vise à encourager la séparation avec le milieu familial, géographique, en vue de trouver à terme un partenaire. Dans Vice Versa, cette soif de socialisation est incarnée visuellement par des « îles de la personnalité » qui structurent Riley : l’amitié, l’honnêteté, le hockey (synonyme de confiance en soi puisqu’elle accumule les trophées) et le Goofball (comique visuel, qui la fait rire). Ces îles soutiennent l’estime de soi.
Parce que d’importantes mutations cérébrales ont lieu
La maturation du cerveau, pas encore terminée, s’accélère et ne se fait pas de manière équilibrée. Le développement du cortex préfrontal qui assure le contrôle des actes, des comportements, n’est pas aussi avancé que celui du système limbique également appelé le cerveau émotionnel. C’est pour cette raison que les adolescents ont parfois du mal à se concentrer. Cette phase débute vers la dixième année et s’atténue vers la quinzième.
Pour l’ado, s’opposer est un besoin vital
Il met la pression pour éprouver ce qu’il y a dans le camp d’en face. Voir si les limites sont là, les toucher du doigt et vérifier si les parents ont pigé qu’il avait grandi.
Des parents qui sont toujours là, mais un peu plus loin.
Ce serait terrible pour lui de ne sentir aucune limite, avec l’impression de se retrouver seul : une mayonnaise prend dans un bol, pas dans une assiette ! Et peu importe s’il faut répéter sans cesse les mêmes règles.
Comme l’alpiniste qui se jette en rappel dans le vide qui va tous les dix mètres tirer sur la corde pour vérifier si elle tient bon, l’ado éprouve la résistance de ses parents. Il les harcèle, leur répète la même supplique à l’envi, des jours durant. Pourtant ils ont dit non. Peu importe, il continue sa « guérilla ». Sa façon à lui de vérifier si leurs principes tiennent toujours. Une façon de se rassurer. De se dire aussi qu’en cas de problème grave ils seront là.
Malheureusement, à ce moment-là, les parents peuvent, eux-aussi, être préoccupés par leurs propres problèmes… »
Il est possible de contourner ces jeux psychologiques grâce à quelques méthodes qui permettent de revenir à l’essentiel : rassurer sur le lien d’attachement, se recentrer sur les besoins/émotions de chacun, responsabiliser, communiquer avec bienveillance et respect, valoriser les forces,
L’équation émotionnelle pour aider les ados à relier leurs besoins et leurs émotions
Connaitre le mécanisme qui relie les émotions aux besoins permet de développer notre bien-être et notre confiance en soi tout en améliorant la qualité de nos rapports sociaux (avec nos pairs, nos parents,…).
Une phrase résume parfaitement ce rapport :
« Lorsque je ressens [Emotion], j’ai besoin de [Besoin].
Elle est basée sur 2 principes :
- Un besoin insatisfait déclenche une émotion désagréable.
- Un besoin satisfait déclenchera une émotion agréable.
Dans son livre « J’aide mon ado à se prendre en main », Emmanuelle Guilhamon-Juglar évoque l’expression d' »équation émotionnelle ».
L’objectif est donc d’accompagner les ados dans cet apprentissage en les aidant à identifier les émotions qu’ils ressentent et en les informant sur leurs besoins (qui sont aussi ceux de tous les humains).
Afin de les initier à l’utilisation de ces équations émotionnelles, nous, parents et éducateurs, pouvons leur montrer l’exemple en verbalisant nos propres émotions et besoins.
D’ailleurs, l’équation émotionnelle se complète idéalement avec une demande claire sur la manière dont la satisfaction des besoins est possible. Ainsi, nous nous engageons dans une communication pacifiée orientée autour des besoins de chacun.
« Je ressens telle émotion car j’ai besoin de ceci alors je demande/j’aimerais que ceci soit fait ».
Voici 2 outils pour s’entrainer aux équations émotionnelles :
- Le vocabulaire des émotions
- La liste des besoins
Vocabulaire des émotions :
Peur :
anxieux, timoré, modeste, confus, désorienté, craintif, fragile, défensif, émotif, faible, coupable, effrayé, harcelé, démuni, agité, perdu, nerveux, paniqué, plein d’appréhension, pessimiste, chancelant, tendu, angoissé, timide, incertain, coincé, troublé, dévalorisé, honteux, accablé, affolé, angoissé, anxieux, apeuré, atterré, broyé, défait, désemparé, déstabilisé, épouvanté, hébété, horrifié, inhibé, inquiet, insécurité, méfiant, paralysé, perplexe, terrorisé.
Colère :
fâché, contrarié, amer, énervé, rebelle, furieux, renfrogné, hostile, plein de haine, jaloux, mesquin, insatisfait, distant, sous pression, protestataire, provocant, rancunier, révolté, rageur, belliqueux, brutal, mécontent, trompé, trahi, détesté, frustré, dur, critique, agacé, froid, dégoûté, agacé, agressif, aigri, amer, contrarié, désagréable, destructeur, énervé, enragé, exaspéré, fâché, frustré, haineux, horripilé, hystérique, irrité, ulcéré, vindicatif, violent.
Tristesse :
apathique, plein de regret, abattu, vaincu, déprimé, désespéré, dépité, détaché, découragé, embarrassé, vide, humilié, blessé, inadéquat, isolé, léthargique, malheureux, négligé, nostalgique, rejeté, triste, bête, affligé, désolé, fatigué, laid, inintéressant, mal à l’aise, seul, dépressif, abattu, affligé, bouleversé, cafardeux, chagriné, déçu, démoralisé, démotivé, éploré, esseulé, fatigué, impuissant, mélancolique, misérable, morne, nostalgique, pessimiste, piteux, résigné, triste, vain.
Joie :
affectueux, agréable, confortable à l’aise, chanceux, tendre, enthousiaste, exubérant, en harmonie, libre, en communion, amical, en forme, bon, reconnaissant, heureux, gai, plein d’espoir, ravi, intense, allègre, joyeux, aimé, merveilleux, en sympathie, optimiste, passionné, décontracté, satisfait, chaleureux, accompli, affectueux, à l’aise, assouvi, bienveillant, chaleureux, comblé, détendu, émerveillé, enchanté, enjoué, enthousiasmé, motivé, optimiste, ravi, revigoré, serein, soulagé, vif, vivant.
Liste non exhaustive des besoins :
- Reconnaissance
- Respect, confiance
- Être entendu
- Être écouté
- Être compris
- Partage
- Protection
- Sécurité, être rassuré
- Liberté
- Indépendance
- Autonomie
- Être aimé(e) comme je suis
- Détente
- Amour
- Tendresse, câlins
- Réussite
- Rire
- Espace
- Limites
- Identité
- Repos
- Relaxation
- Spirituel (religion, expression artistique)
- Nature
- Prendre soin de moi
- Air
- Nourriture
- Mouvement, exercice
- Protection contre les formes de vie menaçantes : virus, bactéries, insectes, animaux prédateurs
- Repos
- Ordre
- Paix