Les principales conséquences des cris :
10 étapes pour arrêter de crier
Les conseils de Dr Laura Markham, auteure du livre « Peaceful Parent, Happy Kids »
Votre travail numéro 1 est d’apprendre à gérer vos propres émotions : donc, faites preuve de bienveillance envers vous-même, reconnaissez et exprimez avec des mots et un volume de voix normal ce que vous ressentez et surtout, régulez votre stress grâce à votre respiration.
Engagez-vous auprès de votre famille à ne plus crier : les objectifs que l’on partage publiquement sont plus souvent atteints (déterminisme et motivation renforcés). De plus, ce changement de stratégie implique que vous travaillez sur vous pour corriger vos erreurs et apprendre. Joli exemple pour tous.
Souvenez-vous que les enfants agiront comme des enfants : le cerveau des enfants est immature. Ils sont donc incapables de gérer leurs propres émotions seuls. En faisant preuve d’empathie et d’écoute, ils apprendront à leur tour et développeront progressivement leur cortex préfrontal (qui régule le cerveau émotionnel).
Ne cumulez pas de frustration : au lieu d’accumuler le ressentiment qui menace d’exploser en colère, prenez quelques instants pour retrouver vos esprits en vous recentrant, exprimer vos émotions et satisfaire vos besoins (un besoin insatisfait = une émotion désagréable). Faites-le au fil de la journée ; « maintenant, je me sens… ».
Utilisez aussi la phrase suivante (CNV) : « quand je vois (décrire la situation sans juger), je sens (citer l’émotion) car j’ai besoin de (nommer le besoin) alors je demande (quelle action satisfera votre besoin) »
Offrez votre écoute empathique et facilitez la verbalisation des émotions de vos enfants : « je vois que tu es triste ». Cette simple phrase va permettre à votre enfant de comprendre qu’il a votre attention, que vous souhaitez l’aider et qu’il peut utiliser ce vocabulaire des émotions pour se libérer. En effet, une émotion exprimée perd de son intensité.
Connectez-vous : l’affection et la proximité bienveillante facilitent la coopération et la modification des comportements.
STOP, pour faire taire la colère : quand nous sommes en colère, il est impossible de prendre des décisions. Notre cerveau rationnel est bloqué. Laura Markham conseille de se retourner, de secouer les mains ou encore de prendre une longue inspiration. C’est cette pause qui évitera que la colère ne se déclenche.
Isolez-vous : si vous sentez que la colère monte avec trop de violence, isolez-vous physiquement de votre enfant. Respirez profondément ou mouillez-vous le visage avec de l’eau, hydratez-vous ou encore pleurez pour décharger l’émotion et faire baisser la tension (le cortisol du stress s’évacue par les larmes).
Trouvez votre propre sagesse : lorsque vous êtes à l’écart, songez à un endroit ou une personne avec laquelle vous vous sentez en sécurité. Vous pouvez même imaginer un allié bienveillant (et pourquoi pas un ange à vos côté). Utilisez aussi des mantras ou des citations. « Je choisis l’amour » « Je préfère être heureux qu’avoir raison » « je suis calme » »j’accepte mes émotions pour les libérer ».
Oubliez l’idée de donner une leçon au moment de la crise : pour apprendre, il est nécessaire de laisser retomber le stress. Pour pacifier l’ambiance, optez pour l’humour, un câlin, une activité commune (comme la lecture), des excuses, etc. Une fois que le calme est totalement revenu pour tous, vous pourrez revenir sur les évènements et trouver des solutions
Les sources des crises de colère des enfants (et les parades possibles)
Demander la raison de sa colère à un enfant éST inutile car son cerveau se trouve dans un état qui ne lui permet pas d’analyser et de raisonner, pour peu qu’il ait déjà acquis le vocabulaire nécessaire. Pendant une crise de colère, le cortex préfrontal, siège des fonctions supérieures du cerveau, est totalement déconnecté au profit du cerveau émotionnel.
Alors comment lui porter secours ? En commençant par s’interroger sur ce qui a déclenché la crise. Pour cela, Solène Bourque, psychoéductrice, a listé plusieurs sources potentielles des crises de colère sur le site Naître et Grandir. Les voici :
- Quand un enfant ne peut pas faire ce qu’il souhaite (il fait face à une contrainte).
- Quand on l’oblige à faire quelque chose dont il n’a pas envie.
- Quand il est dépassé par un sentiment d’impuissance, de frustration, de colère, d’anxiété, de peur,…
- Quand il est fatigué, il a faim, il est excité,…
- Quand il ne réussit pas à faire quelque chose seul.
- Quand il manque de mots pour s’exprimer.
- Quand il manque d’attention et se sent mis à l’écart.
- Quand une émotion est restée coincée par rapport à un évènement récent ou pas.
Voici maintenant les parades possibles dont la première est le câlin car il a la vertu d’apaiser l’enfant et de le protéger dans ces moments de perte de contrôle où il pourrait se blesser.
Verbaliser son ressenti : « Je vois que tu n’arrives pas à faire ce que tu souhaites. » « Tu ressens de la colère ? » « C’est dur, n’est-ce pas ? »
Lui proposer de l’aide : « Je peux t’aider si tu veux. »
Le guider et rappeler ses réussites : « Te souviens-tu comment tu avais réussi à faire ceci la dernière fois ? Et si tu essayais de la même façon. »
Verbaliser son ressenti : « Oui, je comprends que ce soit déplaisant. »
Jouer : « Comment rendre ceci amusant ? » « Tu crois que la culotte se met sur la tête ? »
Proposer des choix : « Tu préfères prendre d’abord la douche ou te brosser les dents ? » « Que choisis-tu entre le pyjama vert et le pyjama bleu ? »
Verbaliser son ressenti et lui demander où il ressent l’émotion : « À quel endroit de ton corps ressens-tu cette émotion ? » « Est-ce de la tristesse ? » « Quelle est son intensité ? »
Subvenir à ses besoins : l’inviter à boire, à se reposer avec vous, à manger un fruit, à respirer…
Lui proposer votre aide et/ou le guider vers un objectif à sa portée : « Commençons par grimper sur ce talus avant de s’attaquer à cette montagne. Ce sera un échauffement. » « Où pourrais-tu t’agripper pour garder l’équilibre ? »
Proposer des mots ou opter pour un langage non-verbal : « Montre-moi ce que tu veux ? Est-ce ici dans la pièce ? » (voir aussi les pictogrammes des besoins)
Offrir de l’attention exclusive et proposer des jeux/activités utiles : « Je vois que tu as construit cette maison. Peux-tu m’expliquer comment tu as fait ? » « Cette couleur sur ton dessin me fait penser à de la lavande. » « On danse ensemble ? » « Tu aimerais que je te raconte une histoire ? » « Voudrais-tu m’aider à arroser les plantes ? »
Jouer avec des figurines ou marionnettes pour libérer la parole et débloquer l’émotion : « Ce personnage semble avoir un problème. Qu’est-ce qui a pu le mettre dans cet état ? As-tu une idée ? Comment peut-on l’aider ? »
Que faire lorsque les enfants frappent ?
Il est normal pour les jeunes enfants de frapper ou de mordre. Au fur et à mesure que leur cerveau et leurs habiletés motrices se développent, les enfants exprimeront spontanément leur frustration par ces types de comportements. Surtout entre 18 et 24 mois.
Isabelle Filliozat nous donnait quelques précieux éclairages dans son livre « J’ai tout essayé » :
L’enfant ne veut pas « faire mal ». Son comportement s’explique par une soif d’expérimentation. Il ne comprend pas le lien entre la souffrance des autres et ses actes.
L’enfant teste son pouvoir de déclencher des cris mais n’éprouve pas de colère ou d’animosité contre sa victime. Les enfants de deux ans poussent, tapent ou mordent ceux qui leur font obstacle. Mais là encore, sans méchanceté.
Il peut s’agir vraiment de violence quand l’enfant ne parvient pas exprimer ce qu’il ressent et à se faire entendre. Là il tente de « faire la force » pour clamer son existence et sa place.
« Lâcher » est un geste qu’il a appris mais qu’il peut « oublier » ponctuellement sous l’effet du stress. Ainsi, lorsqu’on lui crie dessus pour qu’il lâche les cheveux ou les habits d’un copain, de son frère, sa soeur et ou d’un de ses parents (qui hurle aussi), il n’y parvient tout simplement pas car son cerveau ne commande plus sa main. Il est nécessaire de l’aider avec douceur, en lui ouvrant délicatement la main.
Les solutions possibles
Lorsque les enfants commencent à frapper, mordre, pousser ou taper, les adultes peuvent :
Réagir calmement mais clairement montrer qu’ils ne sont pas d’accord, chaque fois que ce comportement se produit;
Dire « stop » au lieu de « non » pour arrêter le geste
- Montrer l’exemple et remplir leur réservoir d’amour en étant bienveillant, affectueux et attentif
- Renforcer les bons comportements et en encourageant les gestes bienveillants : quand l’enfant agit avec bienveillance, remarquez-le en décrivant ce qu’il a fait afin qu’il comprenne que c’est le comportement adéquat (et qu’il se repasse la scène en pensée afin de la mémoriser).
- Avoir recours à une discipline adaptée à l’âge de l’enfant (p. ex., s’excuser, réparer le tort causé);
- Leur apprendre à utiliser des mots pour exprimer leur colère et leur frustration;
- Encourager les enfants à adopter des comportements pacifiques (p. ex., coopérer, négocier, faire des compromis, se réconcilier).
En simulant des scènes avec des jouets : « L’hippopotame est tombé car le tigre l’a bousculé. Regarde, il a très mal sur le côté. Essayons de le réconforter. Voyons maintenant comment le tigre peut contourner ou inviter son ami à se pousser légèrement (« s’il te plait », « merci »). »
L’aider à développer son empathie : « Qu’est-ce qui s’est passé avec ton frère ? As-tu une idée de ce qui l’a fait pleurer ? Demandons-lui.
Les violences verbales : des poisons pour les enfants
L’insulte est l’équivalent d’un coup de poing donné avec des mots.
Dans son livre « Parents toxiques », Susan Forward consacre un chapitre complet aux violences verbales, une forme de violence qui laisse des blessures psychologiques pour la vie. Ce qui la rend d’autant plus pernicieuse est que les enfants qui la subissent ne portent pas de traces visibles de son action.
Parmi les abus verbaux dénoncés par l’auteur :
- Les mots cruels sur le physique de l’enfant, ses compétences ou ses capacités intellectuelles : « tu es moche » « tu es bête » « Tu ne sais rien faire »
- Les allusions à sa présence non souhaitée : « j’aurais aimé que tu n’ais jamais vu le jour… » « Ils ont dû nous donner un autre bébé à la maternité… » « tu vas finir par me tuer »
- Les railleries, les sarcasmes, les surnoms insultants et les remarques dévalorisantes souvent proférés sous le masque de l’humour : « Ton nez est aussi gros qu’une montagne », « Tu étais absent lors de la distribution des cerveaux ? » « Tes tâches de rousseur ressemblent à d’horribles bestioles » « tu t’habilles comme un clown » « tu danses comme un hippopotame. C’est lamentable. »
- Les menaces proférées sous couvert de l’humour : « On va t’inscrire dans une école en Chine », « un jour, on en aura marre que tu ne dormes pas le soir et nous partirons de la maison. Tu resteras seul(e). » « On va te vendre. »
- Les comparaisons avilissantes : « tu es comme ton c**** de père. Un bon à rien qui m’a laissé tomber. »
- L’exigence de perfection : « tu fais toujours tout de travers. Ce n’est jamais parfait », « ton copain, lui, a obtenu un 10/10 au moins » » tu n’as aucun droit à l’erreur, je te préviens ».
Si l’enfant pleure ou se plaint, il n’est pas rare qu’il s’entende répondre qu’il n’a aucun sens de l’humour (nouveau poison) ou encore « il sait bien que je plaisante » en s’adressant à un tiers, ce qui suggère que l’enfant est complice de son traitement.
Pire, ces attaques peuvent être enrobées dans un écrin de prévenance, de leçons éducatives, de bonnes intentions : « c’est pour ton bien que je te dis ça. » « Le monde est sans pitié et nous t’apprenons à l’affronter »…
Les paroles humiliantes répétées peuvent détruire les neurones dans des structures essentielles du cerveau des enfants.
L’enfant qui entend ces poisons verbaux les absorbe et en fait sa réalité, ses croyances. Il ne peut pas remettre en question ce que ses parents (ou les membres de sa famille) lui affirment. Tout ce qui est dit, même sous le ton de l’humour (humour douteux d’adulte), est admis et intégré dans l’inconscient, lui laissant de graves meurtrissures, des marques au fer rouge sur son estime de soi et un sentiment récurrent de culpabilité, d’avoir mérité ce qu’on lui inflige, de ne pas être à la hauteur…
Quant aux abus verbaux en dehors de la famille (enseignants, relations,…), ils laissent aussi des séquelles psychologiques. À force d’entendre les critiques et les étiquetages « tu es », ils sont intériorisés en passant au « je suis », détruisant l’estime de soi et compromettant la capacité au bonheur pour le reste de la vie.
4 étapes simples pour bannir la violence des rapports parent-enfant au quotidien
Comment sortir du cercle vicieux des punitions, des récompenses et de la violence.
Nous avons une technique à vous soumettre : il y a 4 étapes.
1° Pause-respiration : 5 secondes pour temporiser.
Tout d’abord, il est important de couper les processus inconscients de réaction « primitive » (dans le sens attaque/défense/fuite). Pour cela, et avant toute action, il suffit de faire une pause de 5 secondes pour prendre une longue inspiration et se dire dans la tête « PAUSE » ou « Tout va bien ».
C’est cette temporisation qui permet de déconnecter le processus inconscient, baisser la pression afin que le cortex préfrontal rétablisse le contrôle et de réintégrer le moment présent (hors des interprétations/jugements et des pensées parasites).
2° L’attitude protectrice et bienveillante
Notre corps a le pouvoir de commander nos pensées. Ce fait a été démontré de nombreuses fois scientifiquement. Ainsi, en agissant de manière bienveillante, les pensées adopteront une tournure positive et pacifiste. Notez que cela comprend les gestes et les expressions faciales.
Cela passe par quatre gestes :
Se baisser au niveau de l’enfant afin qu’il n’y ait pas de posture de soumission (yeux levés de l’enfant). De plus, cette posture facilite l’empathie (voir au même niveau que l’enfant) Porter un regard affectueux (se rappeler un souvenir d’amour pour faciliter cela ou garder une photo en tête). Vous trouverez un truc supplémentaire à la fin de l’article.
Sourire. S’apprêter à prendre l’enfant contre son coeur (ouvrir ses bras calmement pour cela).
3° L’expression claire de la demande, la proposition d’aide, les choix et l’humour
Maintenant, proférez des phrases qui ne jugent pas mais qui décrivent…
- Ce que vous voyez « je vois que… »
- Et ce que vous attendez « j’aimerai que tu … »
- Et proposez votre aide « Je suis là pour t’aider si tu as besoin ».
- Vous pouvez aussi proposer plusieurs choix :
- « Je te propose de faire comme ceci ou comme cela.
- Que préfères-tu ? ».
Enfin, l’humour est très efficace : essayez de donner la parole aux jouets, vous serez étonné du résultat
Puis remerciez une fois que l’enfant a accédé à votre demande.
Et voilà comment transformer un moment chargé en émotions désagréables en expérience positive.
D’ailleurs, et afin de renforcer le comportement, prenez 10 minutes en fin de journée pour faire la liste de tous ses succès avec votre enfant. C’est la 4° étape.
La gratitude est un outil fabuleux dans l’éducation.